Comment différencier le vrai du faux ? Comment apprendre à créer ce qui n’existe vraiment pas ? Bienvenue au festival des cultures numériques !
J'étais, pour la première fois, au Kikk Festival qui se tient chaque année à Namur en Belgique. Belle découverte, belle décontraction et belles idées.
Explorons les multiples facettes de la duperie numérique...
Rafraîchissant de voir des créations numériques authentiques, innovantes,
et non influencées par l’IA.
Graphistes, développeurs et artistes étaient réunis autour d'une cinquantaine de keynotes.
Ces artisans quotidiens de la culture digitale ont décidé de garder la main face à l’intelligence artificielle qui duplique et remixe à l’infini souvent ce qui existe déjà.
« L’IA est comme une machine à sous - on ne sait pas ce que l’on va avoir. Je préfère contrôler. »
Alerte 1 - Méfions-nous de nos sens !
Le festival nous invite ainsi à réfléchir sur les illusions et perceptions qui manipulent nos sens. Pas moins de 60 œuvres sont à découvrir au fil d’une déambulation dans la ville.
Le premier keynote de l'agence Ouchhh avec Ferdi Alici nous a éblouis avec des images immersives et du video mapping aux quatre coins de la planète.
Dans l'agitation et la vitesse, on est épatés, mais en y repensant, tout cela semble bien vide de sens. La puissance de calcul est une chose, le talent de l'artiste en est une autre. Est-ce de l’art ou simplement de l’habillage ? Où est passée l'émotion dans ce déluge de pixels ?
Les grands peintres sont actuellement aussi victimes de ce procédé de projections immersives et de sonorisation tonitruante…
Alerte 2 - L'IA se nourrit essentiellement d'imagerie américaine
Une partie de l'IA préfabriquée est, pour l'instant, made in USA (Adobe, chat GPT ou DallE). Un monde archi-formaté post Disney.
A cela s'ajoute une censure très américaine qui frustre les artistes et les amateurs de nus !
Alerte 3 - Les artistes prennent le contrôle
Le sujet est souvent de créer ce qui n'existe pas, sans morale puritaine derrière. Ainsi, plusieurs intervenants créent leurs propres interfaces.
Sofia Crespo se qualifie "artist entangling with artificial lifeforms" (artiste en contact avec des formes de vie artificielles). Son travail remet en question le potentiel de l'IA dans la pratique artistique et sa capacité à remodeler notre compréhension de la créativité. Son Instagram ici
Et... elle fabrique des merveilles en créant et entraînant son propre modèle d'algorithme.
Une espèce de prolongement du monde du vivant... qui n'existe pas encore.
We design with code without bias - It's highly personal and human-driven.
Alerte 4 - En agence, bienvenue aux designercoders
Talia Cotton, de l'agence new-yorkaise Cotton design, nous a montré le plus beau des chemins en #graphicdesign.
Il y a un vrai "discours de la méthode" qui pousse les frontières créatives encore plus loin.
"Everything we do has a reason" pas de design sans objectifs, un brief créatif malin qui ouvre plusieurs portes.
"We sometimes code as part of the design process" et c'est là que cela devient fou, ils ont plusieurs outils pour chercher de "l'automated design", du "generative design" ou du "data-driven design". Des systèmes propriétaires qu'ils entraînent de multiples façons...
Cela permet de créer une typo à partir de data . De démultiplier un logo à l'infini . Des systèmes graphiques interactifs
Gardons l'émotion et le sens de l'artisanat avec nos nouvelles machines, cherchons et créons ce qui n'existe pas encore, de l'utile mais toujours du beau !
Merci pour cet article très éclairant. En effet, gardons le contrôle sur l'IA même en l'utilisant, et préservons notre sens critique !